Dansons sur le pont... et baies d'automne pour becs sucrés
Le pont de Rohan est une intéressante et incontournable curiosité à Landerneau : c’est un pont habité qui permet de traverser l'Elorn reliant ainsi le Léon –au nord- et la Cornouaille –au sud-, d’où le nom des deux quais qui bordent l’Elorn dans la ville faisant de Landerneau un port. Un dicton illustre bien le rôle de carrefour du pont de Rohan : « paz oun var pont Landerne meuz eun troad e Leon hag eun all e Kerne » en breton ou, en VF, «Quand je suis sur le pont de Landerneau, j’ai un pied en Léon et un autre en Cornouaille». Cet ouvrage existait sous une forme plus simple dès 1336, sans doute en bois. Rebâti en 1510 par le vicomte Jehan II de Rohan, reposant sur six arches, le pont commence à se garnir de constructions: il comportait en sa partie centrale un moulin ainsi que deux boutiques, ce qui en fit un pont habité depuis le début du XVIe siècle. A l’étage du moulin, une prison occupait deux chambres, le meunier faisant office de geôlier –belle exemple de polyvalence-. C’était également une pêcherie, importante source de revenus pour les seigneurs.
Sur ce pont, Jacques Gillart fit bâtir en 1639 une belle demeure de style Renaissance en pierre jaune de Logonna dont les boutiques situées au rez-de-chaussée sont aménagées en salle de danses et en bains publics au XIXe siècle. Simplement consolidé au XIXe siècle faute de crédits suffisants pour le rénover totalement, classé monument historique, il a été soulagé par la construction d'un second pont au-dessus de l'Elorn en 1958. Cet ouvrage élégant est l'un des 45 ponts bâtis européens et a également la particularité de subir les marées puisqu’il indique la démarcation entre l’Elorn fluvial, en amont, et l’Elorn maritime, en aval. Quelques kilomètres de méandres plus loin, ce petit fleuve côtier de caractère, progressivement saumâtre, se jette dans la rade de Brest après Le Relecq-Kerhuon et Plougastel. Le pont de Rohan a fêté son demi-millénaire en 2010. Un vénérable édifice donc…
Remonter à pied l’Elorn fluviale, de Landerneau à Sizun, permet de cueillir les petites baies qui achèvent de mûrir au soleil : myrtilles, mûres et sureaux qu’on récolte pour le dessert, une version fraîche et une version gourmande.
Version gourmande : gratin de fruits rouges
Je dois cette recette à Pierre-Yves, un tout jeune pâtissier, à l’époque toujours en apprentissage. C’était il y a plus de vingt ans. On peut donc en conclure qu’il n’est plus si jeune aujourd’hui mais cette recette n’a pas pris une ride !
1 belle poignée de fruits rouges en mélange : myrtilles, mûres, sureaux…
100 gr de crème pâtissière
100 gr de crème fraîche liquide
100 gr d’amandes en poudre
100 gr de sucre
75gr de beurre
1 gros œuf bio
Réaliser la crème aux amandes en mélangeant la poudre d’amandes, le sucre et le beurre en pommade. Ajouter l’œuf entier. Mélanger intimement cette crème avec la crème pâtissière et la crème fraîche. Allumer le four chaleur tournante (200°). Disposer les fruits dans des plats à gratin passant donc au four et les napper du mélange. Enfourner 25 à 30 minutes. Laisser tiédir avant de servir tel quel ou avec une boule de bonne glace à la vanille bourbon.
Version fraîcheur : verrine de fruits rouges à la mousse de fromage blanc
Pour 4 verrines :
1 belle poignée de fruits rouges en mélange (myrtilles, framboises, groseilles, fraises, mûres, etc.)
200 gr de fromage blanc au lait entier de vache bretonne pie noir
100 gr de crème crue de lait de vache bretonne pie noir
Vanille en poudre
Marmelade de mûre et sureau
La veille, mélanger intimement et énergiquement le fromage blanc et la crème fraîche avec la vanille. Le mélange doit être lisse et sans grumeau (le passer au chinois le cas échéant). Placer le tout dans un siphon, placer deux cartouches de gaz et secouer énergiquement entre chaque cartouche. Placer le siphon au réfrigérateur en position horizontale toute la nuit.
Le lendemain, placer une cuillère à soupe de marmelade de mûre et sureau dans le fond des verrines, remplir de mousse de fromage blanc à la vanille et terminer par des baies soigneusement rincées et séchées. Servir tel quel, bien frais, immédiatement accompagné, le cas échéant de sablés croquants au blé noir et beurre salé (on en reparlera). Un dessert simple, frais, onctueux et acidulé, peu sucré et vitaminé !