Les amants amers de Dahud, une mousse au chocolat noir à la fleur de sel et fondant à l'orange amère...
La forêt d'Huelgoat, à la fois protectrice et profonde, maléfique et malicieuse, accueille dans ses sentiers étroits, ses gouffres insondables et ses mares luminescentes, une réjouissante faune interlope que tout le monde ne voit. Le mystère se mérite. On peut y croiser randonneurs et fées, promeneurs et âmes damnées, chasseurs et sorciers. Se chausser solidement, endosser un sac contenant une thermos de thé Lapsang Souchong brûlant, une collation gourmande –par exemple de la mousse au chocolat à la fleur de sel et du moelleux à l’orange amère-, ouvrir grand ses yeux et son esprit et partir à l’aventure dans ce pays des légendes est une aventure vertigineuse…
Après le Pont Rouge, suivre la Promenade du Fer à Cheval. Emprunter sur la droite un sentier en sous-bois dominant la rivière d'Argent… On finit par trouver le Gouffre, après avoir suivi un vertigineux et glaçant escalier de trente-neuf marches. La rivière venue du Lac de Huelgoat se perd avec sauvagerie dans une excavation profonde d’une dizaine de mètres pour ne reparaître mystérieusement que cent cinquante mètres plus loin… Le Gouffre est un lieu chargé de sanglantes passions et l'eau y semble parfois prendre une drôle de couleur ''rouge sang'' : il s’agit là du gouffre où Dahut, la fille de Gradlon, Roi d’Ys, faisait jeter ses amants.
Au petit matin, lorsque son galant d’une nuit la quittait, après une intense nuit d’amour, elle lui confiait, sous le fallacieux prétexte de lui assurer une sortie discrète, un masque magique. Mais à peine le malheureux l'avait-il posé sur son visage fatigué par cette nuit torride qu'il le sentait serrer inexorablement son visage, son cou, jusqu’à l'étrangler. Lorsque le crime avait eu lieu dans la ville d'Ys, le cadavre était aussitôt emporté par l'Homme noir : celui-ci gagnait Huelgoat à bride abattue, se rendait directement au gouffre et se débarrassait du corps sacrifié dans la rivière bouillonnante engloutie par la roche moussue.
Parfois, le trajet funèbre était bien raccourci car Dahut possédait son propre château, juste au-dessus de la perte de la Rivière d'Argent, et elle y séjournait souvent. On en connaît encore le site: c'est le rocher qui domine cet endroit et qu'on nomme Kastell Ar Gibel, le " château du Gouffre ". Mais, grâce au ciel, comme dans beaucoup d’histoires, tout est bien qui finit bien et la dévorante amante Dahut fut bien punie (il y a une justice, tout de même !) : lorsque par sa faute la ville d'Ys fut engloutie dans les flots, la princesse létale fut transformée en sirène par Saint Guénolé et s'en vint par un souterrain jusqu'au gouffre couvrir de son chant langoureux et désespéré les plaintes de ses pauvres amants sacrifiés.
Ces lieux sont encore hantés de fantômes. A la nuit, on peut entendre se lamenter dans l'abîme les âmes des jeunes hommes séduits, consommés et abusés qui y furent précipités. Prononcer alors la formule rituelle : Doue da bardono d'an Anaon, " Que Dieu pardonne aux trépassés ! " (et réciter un pater pour leur repos éternel, pour faire bonne mesure, on n'est jamais trop sûr).
Une fois cette bonne action réalisée, poursuivre la promenade le long de la rivière et passer près de la Mare aux Fées. Selon la légende, dès la nuit tombée, des fées aux longs cheveux d'or s'y peignent inlassablement sous la clarté de la lune. Une autre histoire commence…
Pour 6 verrines gourmandes et langoureuses :
250 gr de chocolat noir Guanaja bio
70 gr de lait entier bio et cru de vache Bretonne pie noir
100 gr de crème fraîche bio et et crue
50 gr de beurre demi-sel bio et cru
250 gr de blancs d'œufs (ou 360 gr de jus de pois chiche cuit maison ou récupéré d'un bocal de pois chiche cuits bio)
Deux pincées de fleur de sel de Guérande
Deux pincées de piment d'Espelette
40 gr de sucre de canne
Un moelleux à l’orange amère (c’est par ici http://gouezou.canalblog.com/archives/2015/02/05/31469773.html )
Faire fondre le chocolat grossièrement haché au couteau au bain-marie avec le piment, beurre et le lait.
Mélanger et lisser à la maryse. Laisser tiédir.
Monter alors les blancs en neige avec le sucre roux (ou monter le jus de pois chiche au batteur en ajoutant le sucre à la fin: c'est un peu plus long qu'avec des blancs d'oeufs).
Incorporer délicatement et en plusieurs fois les blancs en neige et la fleur de sel dans la ganache tiède, puis verser la mousse dans une poche à douille (ou un sachet de congélation) afin de garnir les verrines.
Découper 6 tranches de gâteau (tranches prises dans le milieu), ôter la croûte, couper la mie en dés et garnir les verrines. Recouvrir de la mousse au chocolat et réfrigérer une paire d’heure.
Servir frais. Laisser fondre sur la langue la mousse onctueuse et découvrir les quelques paillettes de fleur de sel.