Un chili con carne, cocos de Paimpol, oignons rosés de Roscoff et Highland Cattle, pour promeneurs contemplatifs
S’adosser au petit matin au pignon Est de la chapelle du Mont Saint-Michel de Brasparts, le nez au timide soleil levant déchirant la brume, sortir de son sac, dans cette solitude absolue, un vieux livre écorné, l’ouvrir au hasard…
"Un spectacle inattendu frappa nos regards : nous découvrîmes une ruine indienne : elle était située sur un monticule au bord du lac; on remarquait sur la gauche un cône de terre de quarante à quarante-cinq pieds de haut; de ce cône partait un ancien chemin tracé à travers un magnifique bocage de magnolias et de chênes verts, et qui venait aboutir à une savane. Des fragments de vases et d'ustensiles divers étaient dispersés çà et là, agglomérés avec des fossiles, des coquillages, des pétrifications de plantes et des ossements d'animaux. Le contraste de ces ruines et de la jeunesse de la nature, ces monuments des hommes dans un désert où nous croyions avoir pénétré les premiers, causaient un grand saisissement de cœur et d'esprit. Quel peuple avait habité cette île ? Son nom, sa race, le temps de son existence, tout est inconnu; il vivait peut-être lorsque le monde qui le cachait dans son sein était encore ignoré des trois autres parties de la terre. Le silence de ce peuple est peut-être contemporain du bruit que faisaient de grandes nations européennes tombées à leur tour dans le silence, et qui n'ont laissé elles-mêmes que des débris. »
Refermer « Le Voyage en Amérique » rêvé par Chateaubriand, se lever, s’étirer et contempler, à perte de vue la lande roussie et le lac. Au loin, cow work : deux cowboys, chaps et stetsons, montés sur des quater horses, s’affairent autour d’un troupeau de vaches. Non loin, western pleasure : une file indienne de cavaliers languides, paint horses, selles western et éperons étincelants, traversent la lande. Se dire qu’ici, c’est aussi le far west, in a way.
Plonger une cuillère impatiente dans son écuelle fumante remplie d’un rata de cowboys des Monts d’Arrée : cocos de Paimpol, oignons rosés, tomates et piments de Commana et bœuf Highland Cattle du Ranch de Kerbongoût à Saint-Rivoal. Comme un chili con carne coco de la conquête de l’Ouest…
Pour 4 promeneurs contemplatifs :
4 énormes poivrons rouges ou jaunes des Jardins de Kervelly
300 gr de bœuf Highland Cattle du Ranch de Kerbongoût
4 oignons rosés de Roscoff
2 aubergines
2 courgettes
4 belles tomates rouges et charnues
4 gousses d’ail rose de Lautrec
500 gr de cocos de Paimpol écossés
Deux cuillères à café de graines de cumin
Deux cuillères à café de graines de moutarde jaune
Un petit bouquet de thym frais
Un petit piment frais rouge
Une branche de basilic petit vert
Sel de Guérande
Poivre du moulin
Plonger les cocos écossés dans une grande quantité d’eau froide en compagnie de branches de romarin et de feuilles de laurier. Laisser cuire à feu doux pendant 50 mn.
Préchauffer le four sur 200°, chaleur tournante. Couper le poivron lavé en deux, l’évider et ôter les parties blanches. Huiler à l’huile d’olive un plat allant au four et y placer les demi-poivrons. Enfourner pour une trentaine de minutes.
Passer la viande au hachoir (on peut aussi utiliser du steak haché). Dans une poêle, faire dorer la viande à l’huile d’olive avec le poivre, la moutarde et le cumin. Ajouter les oignons émincés et l’ail pilé, le thym puis le piment. Laver et couper en cubes les tomates, l’aubergine et la courgette. Ajouter les légumes et les cocos à la viande, laisser cuire et compoter pendant une trentaine de minutes.
Sortir le poivron du four et garnir chaque coque précuite du chili con carne Breizh. Enfourner pour une vingtaine de minutes, le temps au chili de dorer. Au sortir du four, parsemer de feuilles de basilic et servir brûlant avec, pour les amateurs, un sauce pimentée type Tabasco.