Du coeur au ventre avec un velouté de cocos de Paimpol à la saucisse de porc blanc de l'Ouest grillée: partageons camarades!
« Plus de défaillances ! Plus d’incertitudes ! Toutes au combat ! Toutes au devoir !» (Nathalie Lemel, le 12 mai 1871 au club de la Délivrance).En petite femme révoltée, le poing levé, Nathalie Lemel a traversé le XIXème, s’est affranchie des codes, a gagné son indépendance, défendu ses convictions et semé des graines de revendications qui résonnent encore aujourd’hui: libraire, ouvrière-relieuse, mère de famille, puis femme divorcée et indépendante, sa vie est une épopée qui part de sa Bretagne natale et se déploie dans le Paris du Grand Siècle, après un long détour par les geôles des Versaillais et sept ans de bagne en Nouvelle-Calédonie aux côtés de Louise Michel.
La vie de Nathalie commence un peu comme celle de Gervaise dans L’Assommoir de Zola, comme celle, d’ailleurs, de beaucoup de femmes des milieux populaires dans ce siècle qui gronde et qui tourbillonne. Fille de bistrotiers, Nathalie voit le jour à Brest en 1826, elle devient relieuse, épouse un relieur qui glissera dans l’alcoolisme, donne naissance à trois enfants. Le couple, établi à Quimper, fait face à la faillite de son atelier de reliure et quitte alors la Bretagne direction Paris en quête d’une seconde chance… L’aventure commence.
Extraordinaire témoin de son temps, elle chemine longuement intellectuellement et politiquement aux côtés d’un des leaders de la Commune, Eugène Varlin, déploie ses talents d’organisatrice en compagnie d’Elisabeth Dmitrieff, et se lie d’une indéfectible amitié à Louise Michel.
À travers le destin de cette femme revit un siècle de luttes pour les grandes causes : chômage, caisse maladie, congés payés, égalité des sexes, travail des enfants…
Elle participe au premier restaurant coopératif durant le siège de Paris en 1870 –alors que l’institutrice Louise Michel qu’elle ne connaît pas encore crée une cantine pour ses élèves-, cofonde l’un des premiers mouvements féministes, milite pour défendre les plus pauvres au mépris du danger et de la répression. Presque centenaire, elle disparaît indigente et aveugle en 1921 : d’autres femmes reprendront le flambeau… Féministe, indépendante, incorruptible : une bande dessinée de Laëtitia Rouxel et Roland Michon (Locus Solus) évoque le parcours énervé de cette égérie de la Commune de Paris.
De la soupe populaire de Nathalie Lemel à la Soubenn Noz de Saint-Cadou ce samedi, la contribution du Gouezou est modeste mais vibrante et chaleureuse : du cœur au ventre avec ce velouté de cocos de Paimpol et chou de Pontoise, saucisses de porc de l’Ouest fumée et grillée !
8 bolées brûlantes :
Un chou de Pontoise
500 gr de cocos de Paimpol (bio, frais en saison ou sortis du congélateur)
2 carottes
500 gr d'oignons rosés de Roscoff
Une cuillère à soupe de miel de sarrasin ou de châtaignier
Sel de Guérande
Poivre noir du moulin
2 belles saucisses de porc blanc de l’Ouest fumées
Une poignée de cerneaux de noix
Huile de noix
Eplucher carottes et oignons et les détailler grossièrement. Couper le chou en quartiers. Retirer le trognon et couper les quartiers en morceaux grossiers.
Dans une confortable cocotte à fond épais, faire fondre les oignons émincés dans une grosse noix de beurre demi-sel jusqu'à caramélisation. Poivrer généreusement puis déglacer d'une cuillère à soupe de miel avant d'ajouter les légumes et les cocos de Paimpol rincés. Recouvrir d’eau et amener à ébullition.
Baisser le feu, couvrir et laisser une bonne heure à petits bouillons.
Pendant ce temps, placer les cerneaux de noix sur une plaque à pâtisserie et les placer à four chaud une dizaine de minutes jusqu’à obtenir de jolies noix dorées et torréfiées. Réserver.
Détailler les saucisses en fines lamelles. Faire dorer les lamelles dans une noix de beurre.
Mixer la soupe cuite en un soyeux velouté et la saler. Servir dans de profonds bols. Déposer à la surface quelques fines tranches de saucisses grillées, des éclats de noix torréfiées et terminer par un filet d’huile de noix.