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GOUEZOU
30 janvier 2018

Histoire de femmes des Monts d'Arrée: une sorcière, une danseuse, le Diable et un cake moelleux clémentines pistaches

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D’aucuns vous diront que se promener dans les monts d’Arrée et a fortiori sur les bords du lac Saint-Michel à proximité du Yeun Elez et du Youdig, c’est prendre des risques inconsidérés, dont celui de croiser des êtres… différents.

KATELL GOLLET GUIMILIAU

Certes, à la belle saison, on y rencontre des touristes camping-caristes, l’œil vissé sur le GPS, voire des randonneurs pedibus cum jambis, un guide quelconque en main, des cyclotouristes avec carte IGN sur le guidon ou encore des cavaliers le nez au vent. Mais tous le sourire aux lèvres. Le reste du temps, de novembre à mars, alors que le jour se fait plus court, les landes plus rases et le vent plus coulis, le petit peuple des Monts d’Arrée reprend possession de son territoire. Non qu’il se soit caché des visiteurs des relatifs beaux jours, non, mais ceux-ci ne les voient tout simplement pas, ne les remarquent pas, ne les imaginent pas. Et c’est très bien comme ça.

Voilà pas plus tard que l’autre jour, le Gouezou en balade sur les pentes douces, rases et désolées de la lande de Botmeur. Après le bocage apprivoisé, la hêtraie nue et la sombre forêt de conifères, voici, non loin, les tourbières. La végétation devient rare et sèche, avec des ornementations de fougères roussies et de bruyères violine alors que les ajoncs aux fragrances de beurre vanillé allument la lande en confettis dorés. Le pas du Gouezou est prudent, la terre spongieuse et la progression lente. Très affairée, la vie est partout : dans les stridulations d’un busard saint-martin qui plane, dans le froufroutement d’un lapin qui détale –et c’est prudent-, dans les murmures d’un korrigan en quête de plantes psychotropes et mydriatiques. On se salue comme il convient et on passe son chemin.

DROSERA ANGLICABUSARD ST MARTIN

Le Gouezou dépasse un bosquet fossilisé et minéral et croise une petite chose vive, noire et voûtée, une authentique sorcière, glanant lichens, sphaigne et drosera, comme il se doit. Mayonne est une belle personne : sur les étagères empoussiérées de sa mémoire, on trouve des grimoires précieux arrachés à la nuit des temps qui contiennent des histoires dévorantes et des recettes gourmandes, des potions étonnantes et des traditions subclaquantes. C’est une riche collection à mi-chemin entre la mythique bibliothèque d’Alexandrie et une liseuse numérique. Mais en mieux. On se salue comme il se doit et on passerait bien son chemin. Mais Mayonne a des choses à dire… « Connais-tu la légende de Katel Gollet ? » Il s’agit dans la bouche de Mayonne d’une question purement réthorique qui n’appelle aucune réponse. Ça donne juste le temps de s’installer confortablement. « Elle m’a été contée par un soir d’hiver et par un très vieux pilhaouer dans l’auberge de Botmeur aujourd’hui disparue. Il affirmait la détenir de son grand-père qui lui-même l’avait recueillie de la bouche d’un mourant alors qu’il croupissait dans la boue du camp de Conlie; là où l’armée bretonne du général de Keratry était censée se préparer à bouter le prussien hors des frontières. Mais c’est une tout autre histoire…

p1330321YEUN ELEZ

Ur wech e oa

Hag ur wech ne oa ket

Med ur wech e oa bepred

Katell était une très belle jeune fille, belle comme le printemps, orpheline comme l’hiver, et qui vivait dans le château de son oncle, à la Roche-Maurice, aux portes de Landerneau. On disait que sa beauté n’avait d’égal que son goût pour le plaisir et la danse. Incapable de la raisonner et de guerre lasse, son austère tuteur, auquel sa légèreté et son inconduite mettait le rouge au front, souhaitait ardemment se décharger de cette lourde tutelle en la mariant. Son mari saurait bien la raisonner, espérait-il. Mais la belle entêtée préférait se livrer aux plaisirs de la danse et de la fête plutôt que de songer au mariage. Pour faire patienter son oncle, elle déclara qu’elle épouserait tout homme capable de la faire danser douze heures d’affilée. Nombreux furent les jeunes gens du canton à tenter leur chance. Mais elle les épuisait tant que certains, morts de fatigue, ne voyaient pas le jour suivant. L‘hécatombe était telle que son oncle l’enferma dans une des tours du château. Mais Katell s’en échappa et se rendit au pardon de la Martyre accompagné d’un nouveau cavalier. Gavottes, plinns, jabadaos s’enchaînèrent, les deux danseurs s’en donnant à cœur joie. Mais le jeune homme non plus ne résista pas à l’infatigable Katell qui, prise dans le feu de la danse et de l’alcool, invoqua les puissances de l’enfer demandant de nouveaux musiciens. C’est ainsi que le diable, séduit par l’indomptable donzelle, l’entraîna dans une gigue infernale et lui fit franchir les portes du royaume des damnés, le Yeun Elez. Et depuis, elle y danse follement ! An Diaoul et Katell ne se marièrent pas, furent heureux et n’eurent jamais d’enfants ! » Et Mayonne s’est levée et s’est glissée dans la lande gagnée par les ombres et la brume. Le Gouezou s’est alors aperçue qu’il manquait dans son panier le cake moelleux clémentine et pistache. Un petit dessert contre une belle chimère, c’est de bonne guerre.

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Pour un joli cake et un cadre de 16 cm :

Pour le biscuit pâte de pistache:

70 gr de poudre de pistaches torréfiées

70 gr de sucre glace

15 gr de blancs d'œuf

2 œufs du poulailler

15 gr de farine

50 g de beurre demi-sel bio et cru

Le zeste d’un citron jaune bio

Le jus d’un demi-citron (qui servira à imbiber le cake)

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Pour la gelée citron :

35 gr d'eau

60 gr de jus de clémentines

40 gr de jus de citron

15g de sucre semoule

2 g d'agar-agar

2 gr de zeste de clémentine finement râpé

 

Préparez une plaque à pâtisserie avec le cadre de 16 cm recouverte d’une feuille de papier aluminium qui servira à emballer le tout pour empêcher la pâte de s’échapper lâchement.

Dans le bol du robot, placer la poudre de pistache, le sucre glace et le blancs d'œuf. Laisser tourner le robot pendant quelques minutes. Verser alors les œufs et laisser encore tourner le robot sur vitesse maximum jusqu'à l'obtention d'une texture très lisse. Ajouter alors le zeste finement râpé de citron et fouetter pendant dix bonnes minutes sur vitesse maximum. Il faut l'alléger le plus possible pour avoir une texture de cake plus légère.

Pendant ce temps, préchauffer le four à 150° chaleur tournante, et faites fondre le beurre à feu doux. Ajouter alors le beurre fondu et tiède et l’incorporer délicatement à la maryse. Verser alors la farine et mélanger très délicatement.

Verser la pâte dans le cadre non beurré, ce qui assurera que le cake cuit ne se rétractera pas (ce qui est important puisqu’on versera la gelée. Enfourner pour 15 mn. Ôter alors le papier aluminium et laisser le cake refroidir sur une grille pendant une petite heure (il doit être froid pour recevoir la gelée) sans retirer le cadre évidemment.

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Imbiber alors le cake de jus de citron au pinceau.

Réaliser la gelée : dans une petite casserole, mélanger l'eau, les jus, le sucre en poudre, l’agar-agar, les zestes finement râpés. Il faut que le mélange soit froid au départ pour que l'agar-agar se dissolve bien. Il doit impérativement bouillir pour activer son pouvoir gélifiant. Porter le tout une minute à ébullition, chinoisez la gelée directement au-dessus du biscuit : la couche obtenue est assez fine (environ 2mm). Ajoutez un "chapeau" de clémentine, juste pour faire joli et placer le cake au réfrigérateur pour que la gelée fige pour au moins une heure.

Quand la gelée a figé il faut ôter le cadre à l’aide d’un couteau d’office bien aiguisé.

Laisser revenir à température ambiante, glisser dans un panier pour se le faire chiper dans les Monts d’Arrée.

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