La Trépassée des Monts d'Arrée, une fantaisie criminelle

Il était une fois une authentique sorcière des monts d’Arrée, confinée et désœuvrée. On était au printemps et le monde s’était arrêté brusquement. Le temps s’étirait sans fin ; les heures ressemblaient aux heures, les jours aux jours, les semaines aux semaines.

Un beau jour de la fin du mois d’avril, la petite fée Lola, une fée journaliste, rendit visite à son amie la sorcière et la voyant morose et dépitée, elle lui proposa de participer un défi lancé par le quotidien Ouest-France : écrire un roman policier se passant dans le grand ouest.

La sorcière leva un sourcil morne : « J’écris des contes terrifiants et je concocte des potions ensorcelantes, répliqua-t-elle, boudeuse. Pas des romans et encore moins des polars ! » Lola la pressa, le concours était lancé depuis déjà longtemps et il ne restait que peu de temps. Serait-elle capable de relever le défi, glissa la fée perfide? « En mai, fais ce qu’il te plaît ! » lança la fée insolente avant de disparaître d’un coup de baguette magique en direction de Morlaix.

La sorcière solitaire se gratta l’occiput, ronchonna, tourna et vira dans ses montagnes désertes puis murmura : « Et pourquoi pas ? »

Comme le 1er mai était férié et qu’une sorcière ne fait jamais rien comme tout le monde –sinon, c’est pas une sorcière, hein !-, elle s’attabla en terrasse sous un soleil vissé et la glycine parfumée, un parchemin sous le nez, une plume à la main et un grand chaudron non loin. Elle invoqua un conte ancien collecté à Botmeur, préleva un morceau des crêtes de l’Arrée, emprunta un petit peu la chapelle du Menez Mikel, chipa sur la tête des habitants confinés quelques mèches rousses et blondes, brunes et blanches, rajouta du beurre salé, des crêpes et du kig a farz, puis donna vie à quelques créatures. Et commença l’écriture d’une fantaisie criminelle, une aventure sanglante et impertinente, palpitante et étrange… Bref, le 24 mai, il fallut à la sorcière tremper une dernière fois sa plume dans l’encrier car son manuscrit risquait de se transformer en citrouille. Elle chargea un dragon de ses amis, en qui elle avait toute confiance, de déposer son manuscrit dans une grande ville orientale qu’on nomme Roazhon avant le 25 mai à minuit. Puis la sorcière reprit le cours de sa vie de sorcière, entre contes et potions, car le monde était enfin sorti de sa léthargie.

Et son roman sort aujourd’hui aux éditions Ouest-France, inaugurant aux côtés de quatre autres polars, la toute nouvelle collection dédiée, Empreintes, présente dès maintenant dans tous les bons commerces non essentiels qui vendent des livres, L’Ivresse des Mots de Maela en tête.

La Trépassée des Monts d’Arrée, un polar qui se passe dans les monts d’Arrée, écrit par une authentique sorcière des monts d’Arrée qui vit dans les Monts d’Arrée. Ecrit pendant un confinement, publié pendant un autre. Qui dit mieux ?

La Trépassée des Monts d’Arrée, Hélène du Gouezou, collection Empreintes, éditions Ouest-France.