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GOUEZOU
23 juin 2017

Jeanne la Tigresse Bretonne, vendetta septentrionale et moules citron et piments

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On ne se méfie jamais assez des femmes en général et des Bretonnes en particulier. S’exposer à leur courroux s’avère souvent cuisant comme le montre l’édifiante histoire de la première femme corsaire de tous les temps, Jeanne la Tigresse Bretonne… Et cette histoire fascine encore.

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Jeanne-Louise de Belleville serait née vers 1300 à Belleville-sur-Vie, en Vendée. Mariée à 13 ans, mère à 15 ans et veuve à 28 ans, elle contracte un deuxième hyménée–annulé par le Pape Jean XXII-, puis épouse en troisièmes noces le seigneur Olivier IV de Clisson, membre de l'une des plus grandes familles de la noblesse bretonne, avec qui elle a cinq enfants. A la fin de sa vie ébouriffante, elle convolera une quatrième fois. Quatre maris, sept enfants… Une force de la nature, à l’évidence. Ce qui aurait dû alerter Philippe VI…

La guerre de succession de Bretagne éclate en avril 1341, lorsque Jean III, duc de Bretagne, meurt sans héritier. Le duché de Bretagne devient un enjeu au-delà même de ses frontières, avec en filigrane les embrouillaminis entre la couronne de France et celle d’Angleterre et les prémices de la Guerre de Cent Ans.

Bref, Olivier de Clisson se rend un beau jour mais en ces temps troublés à Paris pour participer à des tournois : il y est arrêté pour son soutien à Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France, Philippe VI, et prétendant au trône ducal. L’accusant de félonie sur une rumeur, Philippe VI lui fait trancher la tête sans aucune forme de procès. Olivier de Clisson est donc raccourci le 2 août 1343, sur la place des Halles à Paris, son corps pendu au gibet de Montfaucon et sa tête envoyée à Nantes pour être exhibée au-dessus de la porte Sauve-Tout. Casus belli pour Jeanne, qui, hors d’elle au lieu de s’enfermer dans un chagrin aussi digne que muet comme il sied à une dame de son rang, voit rouge, dans les grandes largeurs, et pour longtemps. « Va, cours, vole et nous venge » (Le Cid, Corneille, 1636)

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Réussir sa vengeance n'est pas à la portée de tout le monde. Il faut l'intelligence d'un savant, la précision d'un archer, l’opiniâtreté aveugle d'une taupe. Car, pour se venger, il faut que l'offensé mette l'offenseur à sa place. La vengeance n’étant en l’occurrence pas un plat qui se mange froid, le courroux de Jeanne de Belleville s'abat immédiatement sur la place forte de Château-Thébaud commandée par Galois de la Heuse. Ce fidèle de Charles de Blois, ignorant tout de l'exécution d'Olivier de Clisson, accueille sa femme avec tous les honneurs dus à son rang. La place forte est mise à sac par les quatre cents partisans, pour la plupart des seigneurs bretons ulcérés, que Jeanne a rassemblés. Et vlan ! Prends ça dans les dents ! Œil pour œil, dent pour dent ? La Loi du Talion n’a pas sa place ici. Dans cette première attaque, la majorité de la garnison est passée par les armes, mais la veuve d'Olivier de Clisson épargne avec une mansuétude calculatrice quelques hommes afin de répandre la nouvelle de cette vendetta septentrionale.

Ni une, ni deux, le roi Philippe réplique alors : en décembre 1343, Jeanne est condamnée au bannissement du royaume et à la confiscation de ses biens. Pas grave. En effet, Jeanne, qui s'est réfugiée outre-manche chez l’Anglois, investit le reste de sa fortune, et grâce au coup de pouce financier du roi anglais Édouard III, fait armer trois bateaux. Pendant plusieurs mois, elle va écumer avec rage les mers de la Manche et de l'Atlantique, s'attaquant systématiquement aux navires battant pavillon français. Une gigantesque entreprise de course qui ruine méthodiquement ainsi tout un courant du commerce maritime français. Commandant elle-même sa flotte, Jeanne de Belleville baptise son navire amiral « Ma Vengeance » (au moins, les choses sont claires) et fera subir aux partisans de Charles de Blois et du roi de France de nombreuses et sanglantes pertes, « s'attaquant aux bateaux de guerre français moins forts que les siens et à tous les vaisseaux marchands, elle mettait à mort sans merci tous les Français tombés entre ses mains », publie la Chronique Normande du XIVe siècle... On murmure qu’en authentique veuve noire, elle prend des amants qui ne lui survivent pas. Ainsi naît la légende de Jeanne, Tigresse bretonne et Lionne des Mers...

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A l’issue d’un dramatique naufrage dans lequel elle perdra son navire et son plus jeune fils, Jeanne se réfugie en Angleterre avec son fils Olivier, futur connétable de France, et épouse Walter Bentley, lieutenant du roi Édouard III d'Angleterre en Bretagne et capitaine des troupes anglaises qui combattent pour Jean de Montfort contre Charles de Blois. Enfin lasse, épuisée par cette vie mouvementée, elle meurt en 1359, probablement en Angleterre.

A l’occasion de la journée internationale des veuves (le 23 juin), on évoquera son incroyable trajectoire en partageant ces moules de la baie de Morlaix cuisinées au citron et aux piments. Avec Jeanne la Tigresse Bretonne, qui s’y frotte s’y pique !

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Pour 4 personnes :

2 à 3 kg de moules de bouchot de la Baie de Morlaix (ou 3 litres en mesure d’hier)

2 citrons jaunes impérativement bio

1 Kg d’oignons rosés de Roscoff (indispensable !)

Une petite botte d'échalotes nouvelles

Des petits piments de toutes les couleurs et bien charnus (facultatif bien sûr mais c’est tellement meilleur avec…)

Huile d’olive

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Pour les « potatoes » :

16 pommes de terre (donc 4 par personnes)

Huile d’olive

Deux cuillères à soupe de curcuma

Fleur de sel de Guérande

 

Sous un filet d’eau, nettoyer les moules en les grattant au couteau et en ôtant les petits filaments (le byssus). Eliminer sans pitié les moules ouvertes (donc malheureusement décédées).

Dans une grande cocotte, faire fondre les oignons et les échalotes finement émincés dans l’huile d’olive. Réserver le vert des échalotes pour la touche finale. Lorsqu’ils caramélisent très légèrement, ajouter le poivron épépiné et le piment émincés.

Prélever le zeste des citrons en bandes et l’émincer en très fines lanières. Presser le jus d’un seul des citrons.

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Ajouter zeste et jus à la compotée de légumes et laisser réduire à feu doux jusqu’à quasi-totale évaporation. La base de la sauce est prête. Elle peut attendre la suite des évènements.

Préchauffer le four sur 200°, chaleur tournante.

Eplucher et couper en gros bâtonnets les pommes de terre. Les glisser dans un sac (type sachet de congélation) et ajouter un bon filet d’huile d’olive et le curcuma. Fermer le sachet et malaxer document le sachet pour bien enduire chaque bâtonnet d’huile et de curcuma.

Vider le sachet sur une plaque (recouverte d’un papier cuisson) en veillant à ce que les pommes de terre soient disposées sur une seule couche et ne se chevauchent pas. Au besoin, utiliser deux plaques.

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Enfourner les pommes de terre pour 40 mn. A mi-cuisson, retourner les pommes de terre pour qu’elles dorent sur toutes les faces.

Quelques minutes avant la fin de la cuisson des pommes de terre, réchauffer la base de sauce jusqu’à légère ébullition. Ajouter les moules, bien remuer à la cuillère en bois et couvrir. Laisser cuire quelques minutes, à couvert, jusqu’à ce que les moules soient ouvertes (on jettera sans autre forme de procès les moules qui ne se seront pas ouvertes).

Servir les moules dans la cocotte, et les pommes de terre, saupoudrée d’un voile de fleur de sel de Guérande et du vert des échalotes nouvelles finement ciselé, dans un plat de service.

Se dévore avec une poignée d’amis, avec les doigts et un Muscadet-sur-lie ! C’est un zeugme…

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